AU MEMOIRE PRESENTÉ A LA CO€R DE BERLÍN PAR M. ZEA BERMUDEZ. ECLAIRCISSEMENS SUR LA SUCCESSION A LA COURONNE D'ESPAGNE. IMPRIMERIE-LIBRAIRIE DE G-A. ÜENTü, Palais-Royal, galerie vitr¿e, n° 13, ET KOE SEl BEiüX-ARTS, K°< 3 ET 5. JUIN i83g. 1 PARÍS, IMPRIMERIE DE G.-A. DENTÜ, rae des Bcaux-Arts, n°' 3 et 5. Cello Reponsc au Mémoire de 31. Zea m'a élé cnvoycc de Madrid-, son auteur cst un EspagJiolqni :i oceupé de hautes fonctions dans la magistratura, jusqu'á la morí de Ferdinand. On comprendra facilement pourquoi il n'a pas publié son ouvrajje en Espajjne, et les motifs qui le forcent h {jarder l'anonyme. «Tetáis invité á faire donner une autre forme a la rédaction de cet ouvragc, mais, craijynant que les idees de l'auteur ne fussent altérées, j'ai préfe'ré le publier tel que je l'ai recu. Les lecteurs voudront bien se rappeler que l'auteur écrit dans une lanjjuo qui n'est pas la sienne, et auront de l'indulgence pour les fautes de lang-ajjc qu'ils pourront rcmarquer. DENTV. Siguiente r Nous sommes d'accord avec l'auteiw de ce Me'moire, quand il dit que l'Espagne a e'te' inonde'e de sang á l'avénement de la maison de Bourbon au troné espagnol, au commenceraent du siécle dernier, lorsque la succession était dispute'e par les droits des femmes, a de'faut absola d'enfans males. Nous ¡miterons M. Zea, en laissant de cóté les projets qu'on forma par le méme raotif en 1698 et 1699 pour le partage du territoire espagnol, et nous nous bornerons seulement á suivre M. Zea dans son récit. Il aurait dú diré que les femmes ont monte sur le troné, accompagnées des divisions intestines, les qnatre fois que la nécessité for^a les Espagnols a les admettre pour reines. L'histoire des temps les plus anciens ne nous offre aucun vestigc des hor- (6) reurs commises alors, qui puisse étre assimile á celles comrnises actuellement par les partisans de la ligne fe'minine. Ceux-ci ont commence' la campagne par faire une guerre á mort, tuer les meres, les femmes et méme les enfans de ceux qu'on croyait opposés á leur parti; ils les ont jete's en prison ou dans les bagnes sur tous les points de la monarchíe, puisqu'il n'y en a pas un seul oü ¡1 n'existe des personnes exile'es; ils ont assassine' les ministres du cuite dans Jeurs temples et dans leurs couvens; ils ont incendie' leurs sanctuaires ; ils ont banni de leur patrie, en s'emparant d'abord de tous leurs biens, toutes les familles qui aváient des parens dans l'armee du partí contrairc ; ils ont assassine' des prisonniers qui croyaient n'avoír rien á craindre sous la sauvegarde et la garantie d'une capitularon; ils ont viole' les lois fundamentales, et iis ont foule' aux pieds tous les principes conservateurs de la sociéte': voilá le tableau que nous of'fre le partí que M. Ze'a repre'sente. II est vrai que l'Espagne a ses lois fundamentales, mais il ne l'est pas que ses ¡oís soient perdues dans l'obscurité des temps; elles se trouvent e'crites depuis le régne du roi JEurico, c'est-a-dire depuis le cinquiéme siécle. Les cabinets e'trangers qui, selon M. Ze'a, sont des gardiens se'véres de la le'gitimite', ees cabinets, dis-je, les connaissent, et ils auront remarque' que le Me'inoire de M. Ze'a n'est pas exact, et qu'il n'est nullement conforme aux prin- (7) cipes que ees mémes lois établissent. Nous remonterons, avec M. Zea, au berceau de la monarchie, et nous y trouverons les lois du Fuero juzgo ou Líber judicum, c'est-a-dire le Code espagnol, córame il a até. re'dige' dans le septiéme siécle , et comme il a été transmis et observe' jusqu'a nos jours. Les dix-neuf lois du titre premier marquent la maniere et la forme de faire l'dlection des róis, les devoirs de ceux-ci, leurs sermens et leurs garanties. La loi deuxiéme e'tablit que le roi doit élre <Üu la oü son prédécesseur a cessé* d'exister, avec l'avis des é'vé'ques, des ricos-hombres et du peuple. La huiliéme loi ajoute que, pour étre élu roi, il faut étre hijodalgo, de bonnes moeurs, et «Hre ¿lu par les e*véques, par les Gotb's majeurs, et par tout le peuple. Parmi les peines établies alors contre celui qui oserait monter au troné sans avoir res conditions, il y a celle de le faire entermer pour toute sa vic dans une forteresse, aprés avoir eté de'gradé" de toutes ses dignités. C'est l'expression de la loi cinquiéme, titre premier, livre premier. En vertu de ees lois, les rois furent élus, et succe'dérent au tróne ; dans les élections, on avait toujours des e'gards aux qualités des personnes. C'est pourquoi Recesvindo fut le compagnon de son pere Chindasi'indo. Wamba abdiqua en faveur d'Ervigio, et celui-ci en faveur d'Egíca, afin qu'il e'pousát sa filie; mais tous ees rois dureat leur couronne a l'élection nationalc. M. Zea commcncc par Al- Anterior Inicio Siguiente (8) phonse I", et pre'tend qu'il monta au troné par le droit de sa femme; cela n'est pas exact. La nation accorda a Alphonse Ier le droit de re'gner á cause de son mente, et par l'influence de sa tante, et la méme chose arriva a Silo. M. Ze'a aurait dü ajouter la proposition quefit Alonso (le-Chaste) aux cortés, pour que Ramiro lui succedát; celui-ci demanda pour compagnon Ordono I"; les cortés de Le'on de 913 ¿lurent Ordono II, en se stfparantde laligne directe de García, son prcdécesseur. En 924, le ro¡ Fruela II, dé'ce'de, son frére Alonso lui succe*dar quoiqu'il laissát trois fil.s legitimes. A Alonso succéda son propre pére, et non pas ses neveux, qtii c'laient Gis de Fruela. A Ordono III succé'da son frére Sancho, et non pas un fils qu'il avait. Quand on lit les protestations de bonne foi et d'impartialité' que fait M. Ze'a dans son Mémoire, on devait croire qu'il n'aurait pas passé sous silence des circonslances aussi marquantes dans l'ordre de succession. Ce n'e'tait pas en 739, comme le dit M. Ze'a, que la couronne de León et des Asturias e'tait hére'ditaire; les faits que nous venons de citer l'expliquent assez clairement; l'he're'dité ne se presente qu á l'e'poque du roi Bermudo. En I O I 3 M. Ze'a nous présente Dona Sancha, sceur du roi Bermudo III, qui était l'unique rejeton de la famille re'gnante, comme reine, car autrement, dit M. Ze'a, le troné restait vacant. L'ide'e seule de voir une femme préte á (9) monter sur le tróne de L«?on et des Asturies, produisit deux guerres sanglantes. Le roi de Castille commenca contre celui de León, sur lequel il gagna divers villages. La paix fut faite ensuite, sous la condition que ees villes perdues devaient étre la dot de Sancha, soeur de Bermudo, et que celle-ci épouserait Ferdinand, fils du roi de Castille. Les deux beaux-fréres renouvelérent la guerre, dans laquelle mourut Bermudo. A la mort de celui-ci, ses sujets ne voulurent point reconnaitre ni sa soeur Sancha ni son mari Ferdinand, qui entra á Léon par une capitulation. Les champs de la Castille furent inonde's de sang la premiere fois que se pre'senta une femme pour monter sur le Iróne. Voila les fruits produits par le de'faut des males. Les royaumes de Léon et des Asturies furent conquis, et non pas he'rite's. M. Zea dit encoré qu'Alonso VI, au lit de mort, re'unit a Toledo les Etats, et qu'il fit proclamer sa filie Dona Urraca. Les États n'ont pas pu étre convoques , parce que les procuradores á cortés ne furent pas appele's. Ce furent seulement quelques personnes qui se trouvaient a la cour du roi, qui furent re'unies, mais non pas les Etats. Voila comment les faits différent entiérement, et ils ne sont plus les mémes. Dona Urraca était la seule personne qui restait de la descendance delafamille royale; elle futappuyéepar le parli qui lui conseilla d'epouser le roi d'Arragon, mais elle rencontra grande opposition dans la ma-r jorite' de la nalion. Apres avoir inonde de sang sa patrie, la guerre se termina en proclamant pour roi, a l'áge de onze ans, Alphonse VII, premiérement la Galicc, et plus tard toute la nation, en le faisant monter sur le troné, et en lui confiant la direction du gouvernement. Voici la seconde femme qui monta sur le troné á de'faut absolu de mále , et voici aussi la seconde guerre civile. Berenguela ¿prouva le méme sort. La nation se divisa en factions ; mais ayant convenu la majeure partie de procIamerFerdinand,ilsaccordérent qu'un des partís nommerait dona Berenguela , laquelle devait renoncer á ses droits, comme elle le fit, en faveur de sonfils Ferdinand. Ce futalors que les deux partís le proclarnérent sous un chéne, et la guerre civile fut terminée. Cette reine fut la troisiéme femme qui devait devenir heritiére, á de'faut absolu de mále, et qui causa la troisiéme guerre civile. Alonso IX , mari de Berenguela, nomina pour ses he'ritiers et du royaume ses deux filies du premier lit, Sancha et Dulce; mais les cortés de'clarérent nulle cette nomination, et elles soutinrent la proclamation de Ferdinand III. M. Ze'a marque que les cortés reconnurent Ferdinand, fils aine' d'Alphonse X, et qu'étant mort, Sancho son frére fut de'clare' son successeur á Ja couronne. Le peu d'exactitude de la part de M. Ze'a, relativement a la haute dignite a qui il adresse l'ecrit, pourra élre considere comme vous voudrez, et Anterior Inicio Siguiente C" ) semblera nous donner Y opinión que les faits ñau* raient pas dü étre défigurés ou obscurcis. M. Zea n'a pas pu lire ce qu'il a écrit sur ce fait, sans avoir préalablement lu ce que nous allons exposer. Ferdinand, fils d'Alonso X, reconnu béritier du tróne, laissa deux enfans legitimes, Alonso et Fernando, dont l'ainé avait droit a la couronne a la inort de son grand-pére, par droit de succession. C'est pour cela que son petit-fils Alonso reclama, dans les cortés de Sé'govie de 1276, son droit, faisant connaitre qu'il était le seul successeur legal. Le troisiéme fils d'Alfonso X lit aussi sa réclamation dans les mémes cortes, exposant que son pére ayant désbérédité son frére Sancbo et l'ayant maudit, la couronne lui revenait de droit. Les cortés décidérent que la couronne füt dévolue a la ligne cadette de Sancbo, sans avoir égard a la ligne ainée, parce tju'elles supposérent que cette decisión convenait davantage aux intéréts de la nation. Voici encoré une seconde omission bien remarquable. M. Ze'a oublie aussi que Constanza, filie ainée du roi Pedro, fut reconnue et proclamée béritiére du tróne aux cortés de Bribiesca de 1363. Avant la mort de ce dernier, les cortes de Burgos, reuniesen i366, annulérent ladite proclamation, etreconnurent comme roi Enrique II, en laissant de cote trois filies de Pedro, etlui-méme. Cet événement, et les résultats qui en furent la conséquence, qui nc se tronvent pas indiques dans le Mémoirc auqucl nous répondons, est un des plus importans dans la question qui s'agite pre'sentement, soit á l'e'gard de l'histoire civile, soít á IVgard de l'histoire législative ; il fit couler des flots de sang diverses foís. Les cortés soutinrent avec ferraeté le príncipe national favorable aux males, malgré les pre'tentions de diverses lignes fém mines, qui réclamaient le droit de succession ; et on remarquait deja, parmi ees derniéres, un mále qui appuyait luiméme leurs pre'tentions. Les procuradores, cependant, imbibe's dans les idees nationales, et faisant droit á lajustice, écoulérent les plaintes de la nation, consullérent les inteYéts de la communauté. et conseillérent tout ce qui e'tait utile pour la noére -patrie. M. Zea et ses collégues auraient dü prendre pour modele le dénouement de cette reconnaissance; et s'ils l'eussent fait ainsi, l'Espagne ne se trouverait pas á présent ravagée par les horreurs de la guerre civile. La filie du roí D. Pe'dro recut á la fin, en quaJite d'infante, des pensions alimentaires; sa niéce e'pousa Enrique III dans sa minorite', non pas par la reconnaissance de sa mere, non pas par droit, mais uniquement comme le moyen le plus á propos pour e'pargner le versement du sang et pour maintenir Ja nation en paix. M. Ze'a dit que les cortés refusérent de reconnaítre la filie d'Enrique IV:; mais cela n'est pas exacf. Juana, filie d'Enrique IV, fut reconnue et jure'e comme he'ritiére au troné par les cortés ge'ne'rales re'unies a Madrid en 1462. M. Ze'a aura sans doute lu le dis- ( ,3) cours prononce' á cette occasion par le roi Enrique IV, car il est une des piéces les plus communes des cortés espagnoles. Cette proclamation ne fut pas bien recue de la nation, á cause qu'il existait encoré Alphonse, frére duméme roi. Pourapaiserlestroubles et afind'obtempérer aux lois fundamentales, ce roi reconnutpourson successeur sonfrére Alonso, á Cabezón, le 4 septembre 1464-Le roiditdans son ordonnance : « Je de'clare que la succession legitime de mes « royaumes appartient, comme de droit, a mon frére « Vinfant don Alphonse, et non pas a aucune autre « personne C'est mon plaisir et ma volunté que « ledit infant mon frére soit des a présent appelé et « sumommé dans tous mes royaumes mentionnés, « comme prince amé et héritier des mémes. » L'ordonnance prescrit aussi aux grands, aux prélats, aux ricos - hombres, aux gentilshommes et aux députés d«s villes, de préter serment audit prince et de le reconnaitre, et elle finit par diré « qu'elles offrent « de s'occuper et de tácher que ledit prince don « Alphonse, mon frére, épouse la princesse dona « Juana (c'est-a-dire la filie du roi), et qu'ils ne tá« cberont ni permettront qu'il épouse une autre prin« cesse , ni elle un autre prince. » Telle est la conduite qui aurait pu servir d'exemple aux partisans de M. Zea pour travailler en faveur de la mere-patrie. Une conduite pareille aurait fait honneur a la previsión et aux connaissances de ses auleurs, aurait Anterior Inicio Siguiente ( M) re'uni les esprils qul n étaient pas encoré exalte's, aurait empéclie' les divisions inte'rieures, aurait barre' le chemin á la re'volution, en consolidan!, la felicite de la palríe. C'est cette base qu'aurait dü adoptcr la junte re'unie au chatean de Madrid, le 3i de'ccmbre 1832, quand le roi Ferdinand fut obligó de jouer un role si ridicule , de se re'lracter de tout ce qu'il avait dit pour sanctionner la guerre civile. Le prince Alonso cessa de vivre peu de temps aprés avoír été reconnu; el des que sa reconnaissance eut lien, Isabelle sa soeur s'occupa d echauffer les esprits, d'allumer le brandon de la discorde, et de conspirer directement contre le roi pour se voir place'e sur le tróne. Elle, aussi bien que les grands et les pre'lats, ses partisans, certifiérent cette ve'rite dans la capitulation céle'bre'e en i468, dans laquelle on forca le roi Enrique á reconnaitre ladite princesse Isabelle pour premiére he'ritiére. Le roi, place' dans le dilemme de se démettre de la couronne ou de reconnaitre sa soeur, jugea qu'il pouvait attaquer d'une maniere indubitable la nullite' de cet acte, en y exprimant les raisons et la justice qui luí assistaient pour l'octroyer. La capitulation conclue en iJ+68, entre le roí E n rique IV et les re'volte's, dont Je chef, les armes a la main, e'tait la soeur de celui-lá, commencait ainsi: « Premierement, attendu que pour le bien, la paix « et la tranquillite' de ees royaumes, et pour e'viter les <( guerres, les maux et les divisions qui y existent ;» « présent et (¡ui pourront exisler a 1 avenir , il a « plus a Son Altesse (le roi) de donner son assenti« raent et son autorité pour que sa soeur Isabelle soit c< intitulée , jurée , nommee , appele'e et euc pour « princesse et sa premiére héritiére á la successiou « du tróne. » Quand le roi reconnut en i4^4 s o n frére Alonso, il dit : «Je declare que la succession « appartient a mon frere; » mais quand il reconnut sa soeur, en i468, il basa sa reconnaissance sur des motifs tres-importans, lesquels le forc,aienta donner son assentiment pour que sa soeur fút reconnue. «Pour le bien, la paixetla tranquüliie, et pour éviter les guerres, les maux et les divisions existantes et celles qu'il pre'voyait pour l'avenir, » il dil, non pas qu'il de'clarait que la succession appartenait a sa soeur, mais bien qu'il donnait son assentiment pour qu'elle fut reconnue comrne premiére héritiere. L'expression de premiére héritiere parait indiquer qu'il pre'fe'rait sa soeur á sa filie, qui dans ce cas restait conside're'e comme seconde be'ritiére. On avait stipulé qu'Isabelle serait en tout d'accord avec le roi son frére, etqu'ellene se marierait pas sans son assentiment formel. A défaut d'exécution, dit la capitulation, restaitnulle la convention faite en vertu de la sublevation qui, d'aprcs la méme capitulation, « commen^a le jourde la Santa-Cruz de septembre de « l'année passée i464- " Isabelle se maria sans l'assentiment du roi; elle stipula avec son mari qu'elle C 16 ) ne ferait la moindre concessíon sur ses droits á Ja succession, et qu'elle occuperait le tróne de Castille. D'aprés Je fexte de cette méme capitulation, elle perdít son droit qui Juifut octroye', dans le cas méme que celuí-ci aurait pu avoir quelque valeur légale. Voici la base solide et indestructible oü est si rigoureusement appuye' Je prétendu droit des femmes a Ja succession de Ja'couronne. Une permission pour reconnaítre, arrachée par quatre ans de révolulion et de sang et par Ja forcé des baíonnettes, est Ja Joi qui nous présente lalégitimitéd'lsabelle. La, on préfe'rait par la violence Ja soeur a la filie ; et ici on prétend, par Ja méme violence, que Ja fiJle soit préférce au frére. Si Enrique n'eút pas permis qu'on reconnüt Isabelle, il aurait été détróné sans doute; mais il aurait ve'cu plus long-temps probablement, et nous ne douterions encoré s'il cessa de vivre naturellement. La question de succession entre la soeur et Ja ílJJe du roí, puisqu'il n'y avait pas aucun enfant mále, fut vide'e par des magistrats integres et seVeres, c'est -á - diré les bai'onnettes. Celui qui en a en Jes meilleures et les plus nombreuses entra le premier dans Ja jouissance de tous les droíts. Napole'on entra aussi de la méme maniere. Des re'bellions ope're'es avec succés sont Jes titres sacre's des droits imprescriptibJes qui servent d'appui aux de'fenseurs des femmes. • Les cessions que fit Enrique d'une partie du fer- Anterior Inicio Siguiente riloire Vasque, occasionna la ne'cessité impérieuse oü il se trouva de souscrire a lacapitulation.il rompit pour la seconde fois le serment fait en Viscaye pour linte'grité et l'indépendance du territoire : par celte raison, les Basques lui niérent l'obe'issance, et instituérentpour son successeur, vivant encoré le roi, sa stEur Isabelle. Cette dignité lui ouvrit le chemin pour monter sur le troné. A la mort du roi, on laissa aux armes le soin de discuter et d'établir le droit de succession entre la soeur du roi et sa filie. Apres avoir versé beaucoup de sang, les Basques, qui aujourd'hui soutie.nnent la légitimité et leurspriviléges, notamment les Guipuscoains, déciderent la question en faveur d' Isabelle , en remportant la bataille de Toro, avec quoi elle resia maítresse du troné. La dispute était alors entre la filie du roi et sa soeur. La forcé, et non pas le droit, fut celui qui decida la question. Cet exemple se trouve en opposition avec ksdésirsdeM.Ze'a. Si Alphonse,frére d'EnriquelV, eut la préférence sur la filie de celui- la , il semble que Charles, frére de Ferdinand VII, devrait étre de la méme condition pour M. Ze'a. Voilá, a défaut de mále, la quatriéme femme et la quatriéme guerre civile dans laquelle le sang fut répandu, et dans laquelle plusieurs malheurs s'ensuivirent. M. Zea fait une digression sur la reconnaissance des filies d'Isabelle, quelui-mémefaitdisparaitre aussitót aprés la naissance d'un prince ; ainsi lui échappa ce qu'il aurait voulu taire ;cest le résultat(Jesmauvaises causes. M.Ze'a connaitbien que Sancho IV, ligne cadette, •eut la préférence sur ses neveux los Cerdas, íils de son frére ainé, malgré qu'il füt deja reconnu par les cortes. Enrique I I , ligne cadette et bátarde á la fois, eut la pre'fe'rence sur Constance par la nation, malgré que celle-la eüt cté reconnue par les cortés comme filie aine'e de son frére Pe'dro. Alonso, fri-re d'Enrique IV, fut préféré a sa niece Juana , filie du roi son frére. II n'y a pas un seul fait national par lequel soit prouve' que les femmes aient succe'de' au troné, lorsqu'il y a eu un prince mále dans la famille royale. Lépoux d'Isabelle est le seul qui se soit trouve' dans le cas susmentionné , malgré le silence de M. Zea. U est pourtant vrai qu'il n'était pas un prince n é , encoré moins elevé, en Castillo, iríais dans l'Arragon; il est cependant hors de doute qu'il était compris dans le quatríéme degré. II fut fidéle a ce qu'il avait promis á sa femme Isabelle lors de son mariage, et ne fit point la moindre réclanaation. Ce fut par les armes que cette loi fut faite et promuíguée, et la sage et prudente législation du plus fort dépouilla la filie du roi et préféra la sceur. Cette decisión n'est nullement favorable á la cause que M. Zea semble proteger. II est done prouve que les femmes n'ont jamáis eu la préférence sur les males, quelle que fut la branche a laquelle ceux-ci appartenaient: telle est la loi successionale depuis le commencement de la monarchie» ( '9 ) M. Zea ne se croyant pas suflisamment appuyé de la table chronologique qu'il a arrangée a son gré et plaisir sur. la succession des femmes, s'en rapporte a la Constitution de Cadix de 1812 , parce qu'elle arrangeait la succession telle qu'il la veul aujourd'hui. Cette Constitution fut faite par des individus sans mission et sans representaron ; la loi électorale ne fut en aucune maniere observe'e, pas méme par les villes qu'ils voulaienl représenter. lis se nommerent eux-mémes a Cadix, car lélectioii était impossible : les troupes de Napoleón avaient envahi l'Espagne; leur mission élail de les en chasser et de préter appui au gouvernement. lis prétérent serment d'agir de la sorte en méme temps que de garder fidélité á leur souverain Ferdinand VII; leur premier pas fut le parjure, car ils se déclarerent euxmémes souverains et méme despotes. lis confirmérent dans leurs places les membres du conseil de régence qui les avaient appele's et qui exenjaient le pouvoir exéculif; ils firentde méme al égarddes employés qui ne dépendaient que du gouvernement, et absorbérentles attributionsde louslespouvoirs, qu'ils voulurent exercer a l'instar de la Porte - Ottomane ; bouleverserent tous les principes nationaux, aussi bien que les formes conservatrices. C'est par cette raison, comme M. Zea prélend tres-bien , que la Constitution des corles ful deux fois promulguée el deux fois anéantie. C'est bien étrange qu'il veuille s'appuyer sur les trois articles de la succession a la Anterior Inicio v.,-. Siguiente ( * > ) couronne ; cela sera peut-étre qu'il le considere utile aux fails qu'il a entrepris de prouver. Voudrait-il, dans sa logique, que ees lois fussent a la fois existantes et annulees? Nous ne croyons pas que ce soit par oubli qu'il ait omis de nous parler de la troisiéme annulationplusmoderne etplus importante que les deux ante'rieures dans l'affaire qui nous oceupe. Un sergent de la garde de la veuve de Ferdinand obligea celle-ci a la Granja, dans l'annee i 8 3 6 , a faire publier la Constitution de 1812, ce qui fut fait selon qu'il l'avait de'siré. L'ambassadeur qui dans ce moment - ci est a Londres, et celui qui élait alors a Paris, se refusérent a obtempe'rer aux ordres de Sa Majeste, ce qui leur procura les honneurs de la proscription. M. Ze'a ne peut pas ignorer les manieres polies et engageanles qui Jurent employées envers Sa Majesté, comme aussi T épithete aimable qui luí fut adressée. Peu de jours aprés la prornulgation de cette Constitution, plusieurs de ses árdeles furent annule's; et en 1887 elle fut tout á fait abolie par ees mémes auteurs, qui en apportérent une nouvelle. On n'y fit aucune mention des trois articles indiques, qui parlent de la succession á la couronne. Le méme gouvernement, pour lequel M. Ze'a semble agir, pulvérisa et detruisit ees trois inte'ressans articles ; et M. Ze'a parle des articles 174 e t X7^» e t garde le plus profond silence sur le i ? 5 , en vertu duquel une auguste personne se trouva de'pouille'e de ses droits! Enfoncc' dans le profond labyrinthe oü il s'est en- (ai) gagé pour confectionner son Mémoire, M. Zea se débat d'une maniere bien extraordinaire pour en sortir; et cela si maladroitement, qu'il s'y perd chaque fois plus. Continuons l'analyse de cet assemblage d'inconséquences que nous présente la brochure que nous voulons réfuter. M. Zea veut que la loi de Philippe V soit tout á fait nulle, pour que de cette maniere puisse avoir droit á la couronne, selon lui, la filie de Ferdtnand; et malgré qu'il n'existe aucun fait de cette nature dans toute la chronologie des rois d'Espa*gne, tnais plusieurs contre , il dit que la loi dont nous parlons est tout á fait nulle , parce que , voulant lui donner apparence de légalité, le roi soumit l'affaire au conseil de Gástale, dont la majorUé lui fut contraire. M. Zea suppose ce qui n'existe pas, et dit ce que bon lui semble. Dans les archives existe le proces-verbal qui fut rédigé a ce sujet; mais en youlaut méme accorder a M. Zea qu'il y eút quelque dissentiment rparmi les membres , les opinions des assesseurs du roi (car tel est le ñora que nous pou\ ons donner aux conseillers du roi) n'influent directement ni indirectement dans la composition d'une loi qui doit étre discutée par les cortés. Ceci est vouloir méconnaitre ou masquer la législalion espagnole. M. Zea doit savoir quelle est l'institution du conseil de Gastille, lequel soumet sa decisión au roi, qui l'approuve ou s'en ecarte. L.'opinión du conseil est simplement consultalive dans les affaires cónsul- tatives ; eHe ne signifie ríen dans l'ordre le'gal. Mais accordons encoré une fois á M. Ze'a ce qu'il suppose, quoiqu'il existe des documens qui prouvent bien le contraire. Le roi ne voulut pas se conformer á l'avis du couseil; il n'y existe done aucune nullite'. Le conseil, ou bien soit les auditeurs que don Juan nomina, aussi bien que íes successeurs, ont eu, jusqu'á ce que le gouvernement de M. Ze'a les détruisit, l'obligation de donner leur avis au roi dans toutes les affaires qu'il soumeltait á leur opinión, aussi bien qu'ils avaient la faculte' de juger les procés civils et criminéis. La loi e'tait forme'e par la pétition des cortés et par la sanction du roi; et quoiqu'on consultait le conseil, on n'était pas oblige' de se conformer avec son avis. M. Zea insére, pour confirmer son assertion sur la nullite' de la loi de i y i 3 , l'avis donne' par les e'véques Je 7 octobre 1789, classant ses documens comme irre'fragables. Les e'véques disent que, ses pre'de'cesseurs n'ont pas e'té consulte's sur la loi de Philippe V, laquelle fui simplement publiée par les cortés sans avoir e'té düment examiae'e, comme le cas parait l'exiger. M. Ze'a affirme textuellement tout le contraire de ce que disent les e'véques, car il dit : «Le droit et la gravite' de la « mesure l'exigeaient impe'rieusement; on n'en fit « rien ; les cortés ne furent pas appele'es.» M. Ze'a assure que les cortés ne furent pas appele'es, et les evéques disent, pour le contraire, que la loi de Anterior Inicio Siguiente 1713 fut publiée par les cortés. Voici une belle maniere de défendre son parli. M. Zea dit encoré : « Les lettres de convocation ne furent pas expédiées; « il n'y avait pas d'électionde de'putés par les muni« cipalités, villes et communes, et ayant droit. On « se contenta d'ordonner que les pouvoirs fussent « envoyés a d'anciens diputes qui se trouvaient a « Madrid, et dont le vote, gagné d* avance, ne pou« vait étre douteux. » II nous dit, d'une part, qu'il n'y eut pas de cortes; il nous assure, d'autre, qu'on n'expe'dia point de lettres de convocation, que les de'putés ne furent pas élus par les municipalités, et fmit par diré qu'on donna des ordres a ees mémes municipalités pour que les pouvoirs fussent donnés aux anciens députés, dont les votes étaient gagnés. II est bien difficile de comprendre pourquoi on voulait gagner les votes quand les cortés ne devaient pas se reunir, et on comprendra beaucoup moins encoré comment on ordonnait d'envoyer des pouvoirs a des personnes déterminées, sansles ordres préalables et sans la convocation des cortés; et comment peut-on assurer qu'il n'y eut pas d'élection, quand on dit que cette méme élection tomba sur des personnes déterminées ? On trouve rarement autant de contradiction dans si peu de mots; il n'est pas probable que le choix tomba ou qu on voulut gagner les votes pour les anciens députés, car il n'est pas croyable qu'ils restassent a Madrid trois ans et demi dans le seul bul d'attendre a étre gagne's par le gouverneínent pour assister aux cortés de 1712 ; et cela parait plus incroyable encoré, si on considere que tous ees d¿pute's avaient des proprietas dans le* provinces, oü leurs obligations et leurs propres inte'réts les appelaient. Personne n'ignore que les procureurs des provinces d'Arragon assistérent pour la premiére fois aux cortés avec ceux de Castille, quand elles se réunirent á Madrid le 5 novembre 1712, tandis qu'ils n'assistérent pas aux cortés assemble'es á Madrid en 1701 et 1709, oü furent seulement présens les procureurs de Castille. Les provinces d'Arragon cé'le'brérent ees cortés á Barcelonne en 1702. La couronne d'Arragon n'admettait pas de femmes dans l'ordre de succession, et sa population se formant d'une quatriéme partie de toute l'Espagne, il parait que ses lois ne devaient pas étre meprisées. Les évéques étaient consulte's sur les pe'titions des cortés, qui en re'fe'raienl á eux, car autrement, quoique Ion observe que quelquefois ils donnaient leur avis dans les siécles derniers, ce n'e'tait pas comrne repre'sentans des cortés, raais seulement comme des employe's du gouvernement. Le roi e'tait done l'arbitre de les appeler ou non. La loi e'tait faite par les cortés avec la sanction du roi; c'est de cette maniere le'gale qu'on forma, dans les cortés de Valladolid, Ja loi proprose'e par les procureurs des viUes pour exclure de son sein les pre'lats, les grands el les ricos-hombres, et cette loi fut approuve'e et (a5) exécutée. Le roí appelait quelquefois les évéques pour leur demander leur avis. L'ambassadcur anglais, comtedeLexington, fit parta sa cour, en 1712, d'avoir accompagné le roi Philippe V quand il se presenta aux cortés espagnoles. L' ambassadeur anglais vit sans doute ce qui n'existait pas, et par conséquent il réva le fait qu'il communiqua a sa cour. II n'y a rien de plus convenable, pour gagner une question, que de répudier avec fermeté tout ce qui ne plait pas. II est bien étonnant qu'ayant examiné , apres la maladie de Ferdinand et pendant le gouvernement de sa femme Chrisline, tous les actes-des cortés, commc le dit M. Encina Piedra, ministre des finances, et collégue de M. Ze'a, dans un ouvrage publié á París en i836, celui-ci n'ait pas publié les piéces qui prouvaient la non reunión des cortés de 1712 et 1713. II était bien temps de détromper la nalion. M. Zea aurait du empécher les horreurs qui sont survenues. II n'est pas digne d'un président du conseil des ministres de se taire quand il aurait dü parler, et de venir aprés six ans passés nous faire des contes, en niant sans reserve tout ce qui ne lui est pas favorable, et en laissant de cóté les vérités les plus importantes. M. Zea doit convenir que les prétentions de don Carlos ne sont pas seulement fondees sur celte loi. Nous avons dit, et nous répétons encoré, qu'elles trouvaient son appui dans les lois du fuero juzgo, et Anterior Inicio Siguiente (.6) dansla succession non inlerrompue des males, sanctionne'e par les dispositions de la nation re'unie en cortés. M. Ze'a dit : « Nous avons demontre' jusqu a « 1'eVidence la plus incontestable, que de temps ira« memorial la loi de succession au troné y a appele' « les femines á defaut d'enfans males du roi retí gnant. » Toute cette phrase est vraie, á l'exception des deux mots derniers, qui sont de'nue's de toutc ve'rite' et contraires aux faits. Les femmes ont succédé au troné á defaut absolu d'enfans males de la race royale, et non pas seulemcnt, comme ditM. Ze'a, á defaut d'enfans males du roi ré"gnant. Nous l'avons demontre' jusquá 1 evidence, en suivant la marche de M. Zea, mais en d<ícouvrant en méme temps tout ce qu'il a eu soin de dc'guiser. La loi de 1713 n'ayant aucune valeur pour M. Ze'a , parce qu'elle n'est pas favorable á ses pre'tentions, i! nous raconte l'histoire des cortés, de 1789. Nousallonsfaireconnaítre oüae'te' forge'el'horrible guerre civile qui desolé aujourd'hui l'Espagne. S'il est vrai ce que M. Ze'a dit, que les cortés de 1789 furent convoque'es conforme'meníaux usages e'tablis, lespouvoirs accorde's aux de'pute's pour la reconnaissance des princes des Asturies, dont la dignite' tire son origine des cortés re'unies á Palencia en i388, devaient étre conformes á ce qui fut e'tabli par les cortés de Toledo de i56o, et qui a éte' observe' invariablement jusqu a nos jours. Depuis cette e'poque-Ja jusqu á Charles IV, tous les princes ont e'tc reconnus (=7) de la mérae maniere. Les pouvoirs des de'putés ne pouvaient servir pourautre objet, etbeaucoup moins encoré, pour varier et détruire les lois fondamentales. Les de'putés n'avaient done pas représentation légale pour varier l'ordre de succession. Nous n'entrons pas a examiner si le prince Charles IV fut reconnu comme roi par les mémes cortés. Nous observons dans ees cortes les mémes défauts trouvés par M. Zea dans celles de 1712, et d'autres beaucoup plus graves, mais avec la seule différence que M. Zea afíirme ses propositions sans les appuyer par des pieces authenliques, tandis que nous nous référons aux faits que M. Zea lui-méme nous marque, et qui ont été publiés, pour prouver ce qu'il prétend nous démontrer. Nous vimes en i834 u n pamphlet danslequel on disait que les actes des corté» de 1789 avaient été conserves par le greffier du conseil, Escolano; un autre auteur assura que ce fut le rol Charles IV qui les conserva en son pouvoir; et un coUégue de M. Ze'a nous certifie qu'ils se trouvaient dans le ministére de gráce et de justice. Nous sommes persuades que les cortés furent convoquées pour reconnaitre le prince des Asturies uniquement, et par conséquent les députés n'avaient pas faculté légale pour outrepasser la ligne de leurs pouvoirs. Nous tácheroas cependaut d'examiner sil s'y agit effectivement, comme on le dit, de la loi de succession au troné. Les peuples ignoraient tout: les pouvoirs des députés (procura- dores) n'étaient pas suffisans pour la cre'ation de cette nouvelle loi; l'affaire dont il est question ne ful pas dúment examinee. Ce defaut est précisé'ment un de ceux que les e'véques observérent dans la loi de I - I 3 ; et il est, par cela méme, de toute ne'cessité que nous táchions de presenter celte question avec la ve'rité' que la méme piéce authentique nous offre. Aussitót lúe la pre'tendue volonte' du roí, le de'pute' par Burgos profe'ra les deux mots cites par M. Zea, ct, sans plus de discussion et n'ayant pas méme accorde le temps necessaire pour que les autres de'pute's exprimassent leur avis sur une afíaire qui né puuvait que les surprendre, puisqu'ils n'en avaient e'te' pre'alablement informe's, on annonca que les cortés s étaient conformées á ce qu'on leur consultait, et on le de'clara ainsi, comme si c'e'tait une chose decide'e. Voilá ce que M. Ze'a appelle « les « actes de ce grand de'bat national. » Nous entendons deja les e'clats de rire des personnes qui liront ce débat d'un silence se'pulcral. Les e'véques et M. Ze'a, sans qu'ils s'appuient sur des documens, disent que la loi de 1713 ne fut pas discutée ni méme examine'e, comme elle aurait dü l'étre. Nous croyons qu'ils e'crirent ce dont ils se souvenaient : c'est ce qu'on faisait alors pour formuler le projet de loi de 1789. M. Ze'a assure que le roí Charles IV re'pondit aux cortés , le 3o octobre 1789, qu'il ferait droit á la demande qui luí était présentéc, recommandant qu'on observát provisoi- Anterior Inicio Siguiente ( *>) remení le secrel le plus profond. Le ministre de gráce et justice, collégue de M. Zea, certifia, le i " janvier i833, d'aprés les ordres de la reine MarieChristine, que Charles IV avait réponduaux cortes : « A cela, je vous réponds que j'ordonnerai aux mem«bres de mon conseil d'expédier la pragmatique « sanction qui est d'usage dans des cas parcils , « ayant ifgard a votre pétition aussi bien qu'aux con« seils que j'aurai pris sur cette affaire.» Cette réponse n'est pas conforme a celle de M. Z¿a. II est seulement donné aux auteurs de ees contradictions de les bien comprendre, etils n'ont pas eu l'adresse de savoirbien barbouiller leurs dcrits,pourleur donner au moins l'apparence nécessaire. II est difficile de bien distinguer quelle est Vopinión plus rapprocbe'e de la vérité, ou bien si c'est une invention. II y manqua l'avis du conseil de Castille, qua Von devait consulter en qualité d'assesseur de Sa Majesté, sur toutes les demandes des cortés ; il y manqua l'avis des grands et du conseil d'Etat, car il s'agissait d'un bouleversement absolu dans Vaffaire la plus importante de la monarchie; il y manqua la connaissance qu'on aurait dü. en donner aux villes et aux électeurs, pour que ceux-ci accordassent aux procureurs a cortés des pouvoirs conformes aux intéréts nationaux; il y manqua aussi la formalité d'avoir appelé et entendu le second fils de Charles IV, puisque celui-ci avait le droit que lui avaient accordé les lois du fuero juzgo, la loi du quatorxiéme siécle ( 3o ) sur la succession, la loi de Philippe V, qu'on y conside'rait comme existante et qu'on voulait annuler, et celles de la couronne d'Arragon, qui n'admet en aucune maniere l'avénement des femmes au troné. Le frére de Ferdinand VII ne pouvait étre le'galement dépouillé de tous ses droits, qui s'appuyaient sur la plus grande parlie des lois nationales conservatrices et faites par les cortes, qui toutes se trouvent consignées dans la Novissima recopilación, tit. 4, lib. 3. On n'a jamáis condamné personne sans l'avoir écouté : dans cette affaire, on se pre'cipila aveuglémcnt jusqu'á ce que les bommes de la révolution obtinrent le bouleversement de la patrie, réduisirent au néant les lois les plus respectables et les plus anciennes de la nation, et promenérentle braridon de la discorde d'un bout a l'autre jusqu'á l'anéantissement du pays. On avait fait croire qu'on allait mettre en vigueur la loi de partida ; mais quoique M. Ze'a n'ait pas voulu entrer en explicalion sur le contenu de cette loi, il faut que nous parlions des conse'quences qu'elle a produites depuis qu'elle a e'té faite. Les sept partidas furent re'digées du temps d'Alonso X, et elles furent circulées sans l'autorisalion de personne ; Alonso lui-méme agiten sens divers, puisque, comme nous l'avons deja prouve', il placa sur le troné la ligne cadelte. Isabelle , sceuv dEnrique IP', monta au troné en de'pouillant de ses droits Juana, filie de celui-la. Isabelle, dont la sagesse est si vantée, rióla ees mémes partidas. Ces (3, ) lois, d'aprés l'Académie royale espagnole , quand elle s'occupait des matiéres de le'gislation et quand on ne révait pas méme sur les lois de succession , n'ont e'té, pendant plus d'un siécle, d'aucune valeur, et, aprés i348, n'ont e'le' que lois supple'mentaires pour les procés, tant civils que criminéis, á de'faul. des íois. La premiere loi, .del ordenamiento de Alcala, dit, « puisqu'elles n'ont e'te'jusqu'ici publie'es « par ordre du roí, ni méme recues comme lois forte melles.» La méme chosea e'te' diteparFerdinandV, e'poux d'Isabelle, et par sáfale, en i5o5, lors de la promulgation des lois des cortes de Toro. C'e'taient done deux femmes et l'e'poux d'une aatre qui proscrivaient les lois des partidas. La premiere personne qui viola cette loi fut Isabelle, la méme qui fonda le droit des femmes á la succession a la couronne. Alonso X ordonna, le 17 avril iaS/j., que les procés fussent faits conforme'ment aujucro juzgo et pas par les partidas ; ce qui fut confirmé par son fils , Sancho IV, le 8 mai 1282 et le 6 mars 1290. Les cortés de Valladolid, en 1293, dans la neuvieme pétition, demandérent qu'on fit les procés conformément au fuero juzgo, á l'exclusion de toute autre législation; ce qui leur fut accordé. Philippe II ratifia ce qui avait été dit dans la premiere loi del ordenamiento de Alcalá, sur les partidas, de méme que ce qu'en avaient dit Ferdinand V et sa filie, dans les lois de Toi'o, et plaga la loi dans la nouvelle recopilación, qui est la troisiéme du titre 1" du livre 2C. Le con- Anterior Inicio Siguiente (3a) seil de Castille declara, en 1717 et 1781, qu'on devait juger les procés par les lois du fuero juzgo et non pas par les partidas. La raéme résolution fut prise par Charles I I I , le i 5 juillet 1788. Nous suivrons encoré M. Zea. Charles IVre'pondit que, conformément aux avis qu'il demanderait, il ordonnerait aux membres de son conseil d'expe'dier la pragmatique sanction d'usage. Le souverain nous laissa consigne'e sa decisión dans le díferet du 2 juin i 8 o 5 , quí se trouve á la tete de la JSovissima recopilación. II dit dans ce de'cret, qu'ayant été visité plusieurs fois et par son ordre tous les archives, secrétairerics et bureaux du gouvernement depuis IJ^5 jusqu'en 1802 (entre ees deux dates existe l'annee 1789), il avait ordonné que tous les projets qui seraient trouvés sur la législation faite dans cet espace de cinquante-sept ans, fussent examines avec attention. Sa Majeste' choísis sait les lois qui devaient étre placees dans la JSovissima recopilación, et celles propose'es qui devajent avoir forcé et sanction. Sa Majeste' ordonna aux membres de son conseil de placer dans le livre troisieme, tilre premier, la cinquiéme loi, qui est celíe relative á la succession du tróne, publie'e par Philippe V. Il fit encoré plus. Charles IV dc'clara dans le méme de'cret, que les lois des sept partidas étaient les dernieres ou du neuvieme ordre, et auront ejfet de servir pour les proces civils et criminéis, et il ordonna de placer dans la JSovissima recopilación, (33) comme nous l'avons deja indique, la loi qui établissait ladite decisión depuis cinq siécles. Charles IV suivit l'exemple de Alonso X, Alphonso XI, Fernando V, Juana sa filie , elPhilippe I I , ordonnant qu'on plac,át dans la Novissima recopilación, la loi qui refusait loute autorité aux partidas. Cela fut exécuté ainsi, et c'est la troisiéme loi, titre deuxiéme , livre troisiéme. II est done hors de doute que la loi de partida na été jamáis en vigueur. Voilá ce que Charles IV ordonna aux membres de son conseil. Voila le droit qu'il élablit. 11 est done prouvé authentiquement et non pas par des inductions gratuites, que Charles IV, satis perdre de vue la pétition qui lui fut faite par les cortes de 1789 (pétition qui existait dans le ministere, selon que la assuré un collegue de M. Zea, et sur laquelle Sa Majesté avait offert de prendre une résolution), prit en effet celle-ci, en préférant la loi dePhilippeV a ladite pétition de 1789. Nous connaissonsles ornemens dont on s'est serví p.our masquer cette pétition; mais nous laisserons de cote' tout ce qui n a pas une relation directe avec la question que nous défendons.Nous ponrrions nous permettre aussi de diré aM. Zea que les cortés de 1789 prétendirent, selon V opinión genérale, qu'on n'imposa point des contributions sans leur assentiment et intervention; que les cortés devaient étre convoquées périodiquement, et bien d'autres choses. C'est par cette raison qu'on luissa de percevoir une 3 ( 34 ) nouvelle contribution qu'on voulait imposer alors, Nous ne comprenons pas comment M. Zea peut assurer que la loi de 1789, fut « solennellement pro« mulgue'e dans les Etats de la méme anne'e; » car, d'aprés la re'ponse que M. Ze'a lui-méme suppose avoir été donnáe par Charles IV, et d'aprés celle indiquée aussi par un de ses collégues dans le ministére, nous tirons un rosultat tout á l'ait oppose'. Cest bien facile de donner comme fait tout ce qui peut nous étre utile. M. Zea se voit forcé' á ce'der á tant de documens authentiques, le'gaux, nationaux et d'une persuasión irresistible. II Jui faut avouer que Charles IV ne sanctionna jamáis ce qui luí fut demande par les cortés de 1789, mais bien au contraire, qu'il confirma la loi de Philippe V. Le serment qu'on exigea des depute's en 1789, pour qu'ils laissassent ignorer aux villes tout ce qui se faisait, menacant ainsi la súrete' des personnes et des inte'réts qui peut élre gravement compromis par une loi de succession, est un contre-principe de toute le'gislation, et beaucoup plus en Espagne, oü les de'pute's (procuradores) sont obligés de rendre compte á leurs commettans de tous les projets et des re'solutions des cortés. Les lois faites par le moyen desermens secrets, comme sil s'agissait d'une conspiration contre la sürete' de l'Etat et contre l'existence du gouvernement, ne peuvent jamáis avoir aucune valeur dans des pays civilise's. Monument, comme Anterior Inicio Siguiente (35) ceux-ci, d'arbilraire et d'injustice, produit toujours les fruits abondans de la désolation causee par la mesure assermentée de 1789. Nous ferons encoré a M. Zea une petite observation. Les députés a cortes ne pouvaient étre employés du gouvernement, ni accepter aucun emploi, distinction, ni traitement, non seulement pour cux, mais pas mime pour leursfemmes, pourleurs enfans ou pour leurs parens. Cette disposilion a e"té arréle'e dans des diferentes cortés, et surtout dans celles de Medina del Campo, avec commination de peines trés-sévéres contre les contreventeurs et déclaration de nullité des propositions, et pétitions faites au roi par les cortés. Charles V et Juana, sa mere, Vavaient ordonné aussi dans les cortés de la Coruna de 1S20; et la méme chose a cté de'clarée dans plusieurs autres. Les députés qu» furent présens a la reconnaissance de Ferdinand VII en 1789, furent tous grades, tous obtinrent des places, des décorations et des titres, et nous en avons connu plusieurs d'entre eux. D'aprés les mesures que nous venons de citer, quoique CharlesVI eüt adhéré a la pétition des cortés, cette loi serait nulle par la circonstance remarquable deja énoncée. Combien d'autres nullités setrouvent dans cette loi, qui a mondé* de larmes la malheureuse Espagne! II resulte de tout ce que nous venons d'exp'oser, que Ferdinand VII ne put rien ordonner le 9 mars 183o, quand il ordonna qu'onobéit a la loi que son ( 36) pére avait e'tablie. Cette loi n'existant pas, elle ne pouvait point étre obéíe. Ferdínand VII eut une filie de sa seconde femme, la reine Isabelle, et ni pendant sa grossesse ni méme aprés ses couches, Ferdinand ne pensa a Ja loi de 1789, qui e'tait garde'e ; et le méme silence fut observe' á l'occasion de la seconde grossesse de Ja reine Isabelle, et quand Ferdínand se remaría pour Ja troisiérne fois. Les trois premieres femmes de Ferdinand VII et ses filies etaient sans doute d'une condition bien diverse que Ja quatriéme, puisqu'il ne voulut point Jeur accorder Je privile'ge d'une pre'rogalive aussi essentieJle. Qui pourra nous donner Je mot de cette e'nigme? M. Ze'a uniquement. L'ordonnance de Ferdinand VII, en i83o, fut un aírete de re'volution, puisque la oíxiln'y a pas deloi il ne peut y avoir de promulgation. M. Zea s'appuie sur Je silence du roi don Carlos. Plüt a Dieu que ce prince n'eüt pas porte' si loin sa de'licalesse! Ií e'pura son honneur et exprima ses sentimens en donnant despreuves d'une conscience la plus puré, quand il se proposa de ne pas contrarier son frére pendant qu'il vivrait. Ce fut pour luí un devoir. Ses conseillers, qui occupaient des places bien éJevées, mais sans avoir une connaissance parfaite de la marche des affaires, Jui conseiUérent avec bienpeud'intelligence. Nous sommes persuade's qu'il auraitmieux fait en manifestar]t son opposition quand la reine, e'pouse de Ferdinand, s'empara du gouvernement, (37) le 6 octobre i832, á la suite de l'incapacite' pnysique et morale de celui-ci, car alors toute l'armée se serait prononcde pour le prince, aussi bien que pendant radministration de M. Zea, quimieux que personne se trouve dans le cas d'avouer sa terreur et la peur qui plusieurs fois le faisait he'siter sur les mesures a prendre pour la continuation de son regne. Mais le frére de Ferdinand ¿lait libre de garder le silence ou de protester, ainsi que de faire la réclamation de sesdroits quandbon lui semblerait.M.Zea se plaint de ce que don Carlos, alors infant, garda le silence a l'occasion des mouvemens royalistes qui eurent lieu depuis i824> M. Encima Piedra, collégue de M. Zea, dans un ouvrage publié a París en i836, pour relever son administradon, dit « que si ce « n'eút été pour l'honneur et pour la délicatesse de « l'infant don Carlos, la re'bellion contre Ferdinand « aurait eu lieu á Saint-Ildephonse (la Granja), « en 1832. » Voilá l'histoire des causes mauvaises. Ce qui est annoncé par l'un de ses partisans est contredit par l'autre; mais qu'aurait pu diré don Carlos? Bessiéres sortit du cabinet du roi Ferdinand Vllavec l'autorisation autographe de celui-ci pour proce'der a l'exe'cution de l'émeute qu'il dirigea, et cette méme autorisation fut remise par le méme Bessiéres, peu avant d'étre fusillé, pour qu'il la donnát a Ferdinand, a un general qui est encoré vivant, et de qui le roi la re^ut en pleurant. Ceci est un fait bien connu de M. Zea, alors ministre. Carnicer offrit de Anterior Inicio Siguiente (38) faire connáitre tous les agens de 1 e'meutc de Catalogue de 1827, et de remetlre tous les ordres quí avaient été communiqués au chef Cheps des Esfans, et la liste des personnes qui leur avaient envoyé de l'argent. Nous lümes alors le Me'moire presente' par Carnicer, dans Iequel il demandait qu'011 lui épargnát la vie en compensation de ce service. Le ministre refusa ouvertement de recevoir le Me'moire. Carnicer et Cheps furent fusillé's saris avoir e'te' entendus. Le dernier fut trahi et conduit en Espagne par la trahison de M. Mirasol, alors oíTicier de la garde. Done, si le frére du roi n'ignorait pas que cette émeute ¿tait dirige'e par le gouvernement et ses ministres, il ne devait en ríen diré; il était du reste inutile de parler quand il n'y avait plus dans la presse espagnole de liberte' que le despotisme de M. Zea. Nous nous abstiendrons autant que possible de parler du roi Ferdinand, et nous le ferons seulement forcés par les circonstances. M. Ze'a dit que la de'claration faite par Ferdinand en i83o est en opposition avec la protestation qu'il contresigna en septembre i832, quand il e'tait gravement malade. Mais Ferdinand, avant de perdre l'usage des sens, ecoutant la roix de sa conscience, frappa de nullite' Je de'cret de i83o. Cette de'claration fut l'effet de sa convicticn, et pourtant libre : la peur n'y fut pour ríen, car personne ne pouvait lui en imposer. La maladie suivit son cours, elle empira, il perdit l'u- (39) sage de ses sens, et malgré un retour salutaire, ses facultes restérent toujours ane'anlies. Dans cette circonstance, la reine prit les renes de l'Etat, assembla un conseil dont les membres en ignoraient le but, et on fit lire au roí un discours dans lequel il rétractait ce qu'il avait ordonné en septembre dernier par un sentiment consciencieux. M. Ze'a ajoute que leroidut, en septembre i832, s'occuper del'éternité, et nous y ajouterons qu'il le fit effeclivement, car il obtempera a sa conscience et á son devoir. L'é'tat de faiblesse morale oü Ferdinand se Irouvait Ie3i décembre i832, lors de cette seconde re'tractation, était tellementnotoire, que Marie-Christine, sa femme, avait pris les renes de l'Etat. C'est á cet acte fait dans un pareil etat et á un document lu au nom du roi, que M. Ze'a fait un appel pour prouver les droits au troné de la petite Isabelle , et pour la faire reconnaitre comme he'ritiére au troné par les de'pute's de la nation re'unis en cortés, le 22 juin 1833. Lesnullités de cette cérémonie frappentévidemment tous les esprits. M. Ze'a ne doit pas ignorer qu'avant la réduction des voix qui devaient concourir aux cortés, on sanctionna une loi électorale. Les cortés, a dater de celles céle'brées á Madrid en 1419,7 soutinrent cette loi. Dans la troisiéme pe'tition des cortés de Burgos, de i435, fut définitivement sanctionnée cette méme loi, qui a éte' observée jusqu'á nos jours. La torme constitutive des municipalités ne (4o) pouvait étre alte're'e sans le secours des cortés et sans leur demande. M. Ze'a, qui tout en faisant, selon son plaisir, la chronologie des faits, a donné' tant d'importance aux cortés ge'néVales, ne pourrait pas moins avouer que la base la plus essentielle de la représentation nationale était et devait étre la loi e'lectorale, et qu'une fois e'tablic a pétition des cortés et avec la sanction du roí, les ministres ne pouvaient absolument la changer ou la varier á leurs gré* et caprice, et que toute contravention est et doit étre une nullité qui détruit Jes actes successifs. Voici un des traits les plus marquans du despotisme de M. Ze'a et de ses collégues : pour appeler les de'put¿s aux cortés de i833, ils passérent outre sur la loi e'lectorale, chassérent des municipalités les membres qui avaient été e'lus d'aprés cette méme loi; et confectionnanteux-mémes un réglement nouveau, ils nommérent aux municipalite's , et par conse'quent aux cortés, des hommes remplis de nullite'. Nous avons dit que, d'aprés la loi, Jes procureurs á cortés ne pouvaient étre employé's du gouvernement, ni recevoir de lui aucune espéce de mandat. Dans les cortés de i833, une grande partie des procuradores de'pendaient du gouvernement, et ceux~ci, ainsi que les autres membres, furent re'compense's avec des emplois, honneurs et distinctions. C'est en marchant de nullite' en nullite' qu'on est arrivé á la guerre civile. Ríen de tout ce qui est fait arbitrairement ne peut étre d'une dure'e Jongue et le'galc Anterior Inicio Siguiente M. Zea sait que pour changer la forme des ¿lechona ilfaut reunir les cortés, et il sait aussi bien quenous que les municipalités constituées en 1832n'e'taient pas favorables a ses idees. Dans ce cas,le seulpartí auquel il eut recours fut la violation des principes et Vexercice d'un pouvoir arbitraire qui e'clata d'une maniere bien despotique, aussitot que les intentions du frere du roi furent connues. Ce prince vertueux, par une grande délicatesse, prit á tache de se renfermer dans un profond silence pendant la vie du roi son frére. Reconnaitre n'est pas de'clai'er le droit. M. Zea nous a dit que « les filies du roi catbolique furent « reconnues; mais aussitot qu'elles eurent un frére, « cette reconnaissance portait sur ce dernier, et le « droit lui appartenait.» Si les cortés de 1833 n'eussent pas e'té remplies de nullités, comme nous l'avons deja demontre, elles auraient fini de perdre sa validité par les emplois et par les gráces que le gouvernement prodigua á tous les procuradores. 11 re'compensa les uns parce qu'ils e'taient vendus ou appartenaient a la révolution, et les autres parce qu'ils approuvérent sa conduite par leur peur et leur silence criminel, sans réfle'chir sur les maux et les desastres qu'ils allaientrépandre sur leur patrie. D'ici il re'sulte que cette reconnaissance ille'gale, méme jusque dans ses formes atterrantes, a été tout a fait ane'anlie. Dans tous les cas, nous croyons que la reconjiaissance est inutile la oü il n'existe aucun (42 ) droit. Cet amas de nullite's a fait tomber sur la mére-patrie autant de malheurs qu'elle en e'prouve. M. Ze'a trouve un appui dans le bannissement qu'on ¡mposa sur le pre'sident du conseil Ronquillo, pour prouver la nullíte' de la loi de Philippe V. M..Ze'a et ses coligues exilérent l'archevéque de Toledo, parce qu'il se refusa, en i833, á reconnaítre la filie de Ferdinand VII. M. Ze'a et ses collégues expédiérent auparavant des ordres aux ¿vaques pour qu'ils conseíllassent aux paroissíeus et aux chrétiens que leur devoir élail de reconnaitre la filie de Ferdinand VII. On appela á Madrid les ¿vaques timides, qui obe'irent á cet ordre, mais on laissa dans leurs diocéses ceux qui se refusérent aux desirs du gouvernement. Les mesures atterrantes qu'on prít depuis que la reine s'empara de la direction des affaires, le 6 octobre i832, e'taient de soi-méme plus que suffisantes pour annuler tous lesactes successifs. Les personnes qui avaient donné au roi Ferdinand des preuves incontestables de fidélité', furent de'pouille'es en fort peu de jours des places e'minentes qu'elles occupaient, et on appela pour les remplacer les proscrits, ceux mérae qui avaient de'tróne' le roi et qui 1 avaient insulte' et attente' contre sa personne royale. On priva peu aprés de leurs places les ernploye's de second ordre ; M. Ze'a eut le plaisir de s'entourer de tous les hommes de la re'volution, et d'ecouter leurs conseils pour de'fendre la filie du roi. Impre'voyance (43) fatale, qui le chassa de sa place, et qui de'truisit tous ses projets ambitieux. Personne n'eut la liberté d'e'mettre son opinión, quand on reconnut la filie de Ferdinand; la cérémonie de la reconnaissanceressemblaitplutót aunenterrementqu'aun acte de joie. On rédigea dans une église cet acte, auquel on donna le nom de cortes; on y interrogeait a demi-voix les concourans l'un apres l'autre, s'ils voulaient jurer, etils re'pondaient aussi á demi-voix, ce qui donna lieu a e'crire que tous les membres s'y étaient conformes, malgré qu'il y en eüt quelques-uns d'entre eux qui répondirent négativement. M. Ze'a van te beaucoup la forcé légale de la représentation nationale, mais il ne le fait qu'a moitié; car si ses cortés méritent autant sa consideraron, il paraissait juste qu'il eüt la mime de'férence pour la filie de Ferdinand VII, quand il proclama le gouvernement absolu éclairé. II était bien loin de penser alors qu'il serait forcé plus tard a chercher sa dé-^ fense dans le$ principes du gouternement monarchique moderé, c'est-á-dire le gouvernement espagnol avec son roi et les cortés. Celles-ci sont les lois fundamentales de la monarchie espagnole. L'histoire de la succession que nous venons d'expliquer, pour l'unir a celle de M. Zea, prouve que les femmes ne sont montees sur le troné pendant qualorze siécles qu'á défaut absolu d'enfans males de sang royal. La filie du roi Ferdinand a plusieurs onclcs et cousips-germains qui sont appelés au troné Anterior Inicio Siguiente (44) avant elle par cette raéme loi de qualorze siécles, et par leurs droits d'ainesse. La mere de Charles II nous a le'gué des souvenirs bien tristes de la minorite' de son fils le roí, qui confia le sort de sa nation, premiérement au Flarnand Nitando, et plus tard au marquís de VillaSierra, et on profita d'une e'meute qu'i! y eut á la cour pour e'viter la continuité des desordres du premier, aussi bien qu'on eut recours aux armes pour mettre un terme a ceux du second, ótant la direction du gouvernement a la reine gouvernante. Don Juan d'Austria, á Ja tete d'une arme'e, tranquillisa Talarme qui inquieta la nation depuis 1668 jusqu'en 1679, et il consigna les renes du gouvernement au monarque; mais a peine eut-il pris le gouvernement des affaires, qu'il fut forcé d'exiler á Toledo sa mere, la reine gouvernante. Nous ne serons pas étonne's si l'Europe se trouve force'e de prendre une mesure semblable dans les circonstances actuélles, car elle ne doit pas consentir un gouvernement sans légitimité, sans consistance, qui est ennemi de l'ordre, et oü les assassinats se multiplient avec impunite'. M. Ze'a envoya a toutes les cours de l'Europe et á la nation, aprés la mort de Ferdinand, un manifesté dans lequel il disait que la minorite' d'Isabelle e'tait un de'pót confie' par le roí á sa veuve, et que celle-ci promettait de le maintcnir sain et sauf, e'lant de'cide'e á gouverner sur les mémes bases e'tablies par Ferdinand VIL ( 45 ) M. Zea assura aussi qu'on ne ferait aucun changement, parce que telle était la volonté du feu roi, la reine n'étant qu'une simple administratrice sans aucune autre mission. La reine gouvernante, malgré cette prcmesse faite á l'Espagne et a toute l'Europe, oubliant les ordres de sou inari , et aussi les dispositions des lois nationales sur les tutelles et minorités, promulga etsanctionna desapropre autorüé* ungouvernement tout a fait diffi'rent, qui detruisit toutes les formes constitutives du gouvernement espagnol. Elle publia une loi qu'on nomina estatuto, établissant deux chambres. II faut bien noter que la reine , d'aprés les dispositions des cortés successivement sanctionné'es, ne pouvait exercer lé*galement ses fonctions sans convoquer préalablement les cortés , et y préter le serment de mettre á exécution tout ce qui est e'tabli pour des cas pareils. Nous n'ignorons pas qu'en fait de nullite's et de destruction des principes , les ministres de la reine gouvernante , veuve de Ferdinand VII, ont e'té plus vite qu'aucun autre gouverneur ou régent. Quelque temps aprés la cre'ation du gouvernement des deux chambres, l'estatuto fut aboli, et on re'tablit la Constitulion de 1812, forge'e á Cadix. On préta serment pour la troisiéme fois a cette Constitution, qui reconnaissait uniquement une seule Chambre élue par tous ceux qui eurent atteint l'áge de vingt-cinq ans; et peu contente encoré de celle-ci, la reine douairiére l'annula pour la troisiéme fois, et elle sanctionna une autre Conslitution (46) qui établissait deux Chambres en forme de re'publique et en opposition de l'estatuto. Le dépót sacre confié par Ferdinand Vil á sa veuve disparut, et se succédérent alternativement les bouleversemens de désorganisation, de violence, d'anéantissement et de sang qui ravagent encoré l'Espagne. Chaqué extreme de ceux que renferme le Mémoire presenté, nous offre des anomalies bien singuliéres. M. Zea s'est présente á la cour de Berlín en qualité de représentant du gouvernement de Madrid, qui défend et soutient la Constitution formée en i83y; mais il y a dans tout cela une circonStance bien remarquable, et c'est que M. Zea n'a jamáis reconnu ni prété serment á cette Constitution. Dans cette fausse position, les representes professent et proclament des principes de liberté, tandis que leur agent, défenseur ou plenipotentiaire diplomatique , est opposé á ees mémes principes, et ayant entré en campagne politique avec l'opinion de défenseur ouiré du despotisme. Il serait bien peu naturel qu'on teniát de faire revivre un gouvernement deja mort et enseveli, quand le but de la mission donnée a été de consolider les libertes sanctionnées en i83y. Nous nous trouvons dans le méme cas á l'égard de la réclamation des trois árdeles successionels de la Constitution de 18x2, qui fut jurée par un ordre expédié á la Granja en 1836. M. Zea n'a pas plusjuré nireeonnu cette constitution; il était son ennemi; il la regardait avec frayeur; il ne se soumit jamáis á son gou- Anterior Inicio Siguiente (47 ) vernement: et il pre'tend aprésent, malgré toutcela, qu'elle vient servir d'appui a la succession, et par la seule raison que les articles de cette Constilulion , quoique trois fois abolís, sont tres - útiles pour sa de'fense. Voici une nouvelle me'thode de défense. M. Zea ne veul pas du tout pour luí cette Constitution; mais nonobslant cela, il Taime et il l'adore, pour qu'on juge et on condamne d'aprés elle se» ennemis, qui doivent s'y soumettre, mais non pas luí. Les faits se trouvent en contradiction avec les principes; les opinions des representes choquent, comme des corps opposés, avec celles de leur agent ou procureur. On reclame, comme la base fixe sur laquelle s'appuie la défense successionale féminine, les anciens comicios nationaux, tandís que le gouvernement de'fenseur de cette cause condamne .et lance des anathémes contre ees mémes comicios, lesquels se trouvent outre cela en opposition avec le despotisme éclairé du défenseur et les Constitutions des défendus, Oü nous ménera done ce chaos de contradictions? II y a une solution pour tout ce que nous venons de démontrer, c'est en employant tous les moyens opportuns qui conduisent de quelque maniere a leur but, pourvu qu'ils soient un peu favorables. Les principes proclames par M. Zea, sa résistance obstinée á ne pas vouloir jurer les Constitulions de i836et i83y nous ótent toute hésitation, en nous démontrant que parmi les partis bellige'rans et prétendans, celui qui défend la ligne masculine ( 48) est le seul qui conserve ses limites, l'aversion, la rage n'est positivement contre la cause successionale mále; mais elles sont plutót personnelles. Ces gens ont conside're' comme un étre imaginaire les principes ge'ne'raux de la sociéte'. M. Zea dit que son opinión e'tait la mime que celle de toutc la nation. Le soulévement en faveur de Charles V, qui delata dans toutes les provinces espagnoles á la mort de Ferdinand, et qui fiit ope're' par des gens collective's sans armes, sans munitions, sans discipline, sans ressources et sans combinaisons d'aucun genre, a bien prouve' quelle é*tait la volonté nationale, et avec autant de precisión qu'il faut faire violence á la raison pour croire le contraire. Tous les soulévemens liberaux opéreos depuis 1824 jusqu'á 1832 trouvérent leur fin dans leur existence; Tarifa, Guardamar, les champs de Morón, Cadix et l'ile de Le'on peuvent l'attester aussi bien que les champs de la Navarre, oú Mina írouva une perse'cution continuelle. Les paysans ont battu presque toujours les factieux, sans attendre l'arrive'e des troupes de ligne, et les partisans de Charles V ont e'te' accueillis avec enthousiasme dans les villes, toutes les fois qu'ils j ont demande' asile et protection. Des provisions et des espions ue leur ont jamáis manque, selon que nous l'avons TU certifie dans tous les rapports des ge'ne'raux et chefs des troupes christines. Le gene'ral Rodil a re'pe'te' plusieurs fois qu'il payait bien cher ses espipns, sans qu'ils lui appor- (49) tassent jamáis des renseigneroens exacts, et qu'il rencontra toujours les villages peu disposes a luí fournir des renseignemens. Comment le ge'néral Gómez aurait-il pu sans cela parcourir toute l'Espagne, a la tete d'une poignée d'hommes, quand il ¿taít poursuivi par des forces six fois doubles ? II est done bien prouvé que M. Zea a ete" induit en erreur. Les Hbe'raux annon9aient, en 1814 , que la Constitution de Cadix clail la volontd formellc de Ja nation; et quand Ferdinand rentra en Espagne, les habitans des villages tirérent des coups de fusil rontre les pierres qu'on avait placees dans les places qu'on appelait plazo de la Constitución. L'e'lan du peuple dut étre bien manifesté en i83y, quand Charles V s'approcha de Madrid, puisqu'Oraa fit fusiller diverses personnes pour la proclamation qu'elles avaient faite, et nous avons lu dans les journaux la copie du rapport de ce fait. 1/opinión nationale n'est pas plus favorable aujourd'hui aux de'sirs de M. Ze'a; et M. San Miguel, qui est plus exalte' que lui dans ses opinions, a dit dans une brochure derniérement imprime'e, que les neuf- dixiémes parties des Espagnols s'opposaient aux prétentions au troné d'Espagne de la filie de Ferdinand, tandis qu'elles e'taient favorables a celle du frére de celui-ci. Elles de'sirent sans doute la paix, mais non pas le gouvernement d'Isabelle. Et MM. Ze'a, San Miguel, Oraa s'entendront comme 4 Anterior Inicio Siguiente (5o) íls voudront. En resume', la couronne d'Espagne a éte' élective dans les premiers temps entre les enfans males, et elle füt conside'rée plus tard comme he'ritiére parmi les males de la famille royale. Les femmes parvinrent au troné a de'faut seulement d'enfans males; et dans les deux e'poques, dans lesquelles les rois ont laissé á leur mort des filies reconnues comme he'ritiéres, les enfans males ont cte preTérés á celles-ci quand elles ont voulu monter sur le tróne. Enrique II, frére bátard du roi don Pedro, fut pre'féré a Constanza, filie de celui-ci, et á ses deux soeurs, quoiquc Constanza était reconnue comme he'ritiére. ^Alonso, frére d'Enrique IV, íut reconnu par celui-ci avec pre'fe'rence á sa filie, quoiqu'on avait octroyé en sa faveur le serment formulaire de princesse des Asturies. II reste done bien prouvé que les femmes, filies des rois n'ont jamáis oceupé le tróne pendant l'existence d'enfans males des rois. Nous trouvons tout cela confirme dans l'ordre de succession commence par M. Ze'a, que nous avons continué' et illustre'. C'est en pre'sence de cet expose' que nous faisons un appel aux hommes de toutes les nations et de toutes les opinions pour qu'ils décident ce de'bat. Leur opinión unánime sera, nous nous flattons, que le droit de succession est favorable aux males et touta-fait contraire aux pretentions des femmes. Nous, qui sous aucun rapport, ne voulons pas étre escláves, mais bien des enfans reconnaissans a notre mere-patrie, nous sommes de'cide's a luí offrir ce Iravail imparfait. Madrid, 3o mai i83g. Anterior Inicio
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